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De Lacan à Freud
« Lacan, l’homme, le maître, a été un extraordinaire stimulateur de pensée et de recherche au sein d’un monde postfreudien ronronnant. Le penseur a fait prévaloir cette certitude inouïe dans le freudisme que l’inconscient et la pulsion ne surgissent pas des tréfonds obscurs de la vie, mais que leur genèse et leur nature sont indissociables du monde humain et de la communication interhumaine. »
Ces quelques mots d’hommage de Jean Laplanche à Jacques Lacan disent assez ce que le premier doit au second. Deux œuvres construites en référence au « primat de l’autre ». Mais cette transmission est immédiatement brouillée par l’importance des divergences : qu’il s’agisse du privilège accordé du Père, de la critique du Symbolique comme idéologie, de l’idéalisme langagier, du grand Autre et de l’inconscient trans-individuel… « Pour moi, disait Laplanche, l’inconscient n’est pas une création de la situation analytique, ce n’est pas une invention de Freud. C’est, tout bêtement, ce qui fait qu’en descendant les escaliers tout d’un coup, on se casse une jambe. » 1924-2024… Le centenaire de la naissance de Jean Laplanche est l’occasion de « mettre au travail » l’une des œuvres majeures de la pensée psychanalytique contemporaine.
Sous la direction de Jacques André et Patrick Guyomard, avec Maurizio Balsamo, Isée Bernateau, Alain Braconnier, Vladimir Marinov, Mi-Kyung Yi.
On ne mesure pas encore tout à fait les conséquences de la pandémie qui a commencé en France en mars 2020. En un tour de main, l'immense majorité des psychanalystes en France (y compris l'auteur de cet ouvrage) sont passés de la cure psychanalytique en présence à l'analyse à distance par téléphone ou par internet.
Or, le confinement n'a fait que mettre au jour et accélérer ce qui était déjà là : des conceptions de la cure pour le moins divergentes, parfois aux antipodes les unes des autres.
Comme lors de toute « crise » (mais que serait une psychanalyse sans « crise » ?), c'est l'occasion d'interroger nos outils. Pourquoi l'omniprésence depuis une vingtaine d'années en France de la notion de cadre psychanalytique ? Dépasser une vision purement formelle du cadre (nombre de séances, paiement, durée de la séance, etc.) permet d'élargir notre idée de ce qu'est le matériel de la séance. Or, toute comme la méthode, le cadre s'impose autant sinon plus à l'analyste qu'au patient.
Si les forces inconscientes sont obstinées, les conditions de la pratique psychanalytique sont, elles, bien fragiles !
Histoire et actualité du sexuel et de la sexualité infantile
Si la sexualité infantile est devenue moins scandaleuse depuis sa découverte par Freud, le sexuel, la face pulsionnelle de la vie sexuelle infantile n’en reste pas moins « insupportable ». Cela se dit de l’infantile insoumis et même de la psychanalyse qui ne croit pas à l’innocence de l’enfance. Ce livre, dans une réflexion théorique et clinique, revisite cette référence originaire de la psychanalyse.
Le conflit entre le sexuel pulsionnel et la vie de représentation est le moteur du travail psychique. Sans lui ne peuvent se penser ni le fantasme, ni l’érogénéité, ni le refoulement ou le masochisme originaires, ni l’amour, ni la haine et la force de répétition délétère de la pulsion de mort. Chacune de ces notions est envisagée dans son lien au sexuel. Les étapes de la découverte s’associent à des récits de cure où s’entend l’actualité de la question dans la clinique contemporaine et dans les débats qui traversent la société, comme l’identité sexuelle ou de genre, la violence intrafamiliale ou la prévalence de la domination sur la différence. Toute la vie durant, le sexuel se révèle être un espace de transformation en arrière-plan de toutes les activités psychiques ainsi que la matrice de la créativité.
Comment la haine pathologique est transformable par le jeu
La haine est consubstantielle au psychisme, car au fondement de la différenciation de l'objet et du sujet, et de la vie relationnelle. Elle reste présente tout au long de la vie, en se liant à l'amour en des configurations variées qui donnent à la vie amoureuse et sociale ses infinies nuances. Les destins d'une haine trop pure sont ici explorés, car à la racine de la plupart des pathologies psychiques, surtout les états limites et les psychoses. L'utilisation du jeu dans les traitements psychanalytiques de ces pathologies, depuis la mélancolie jusqu'à la paranoïa s'avère particulièrement efficiente. La haine déborde la scène intime de la psyché et de la famille et s'étend aux groupes, thérapeutiques ou sociaux. La plus grande destructivité est alors à l'œuvre comme le montre la dernière partie de ce livre.
Sous la direction d'Isaac Salem et Philippe Valon
Avec le jeu, restaurer l'espace du rêve contre le délire
« Le délire est avant tout un délire d'origine, […] dont il vient pallier les trous ou les incohérences », écrivait Antoine Nastasi. Avec Freud, le rêve est la voie royale d'accès à l'inconscient. Le jeu a été lui aussi promu au rang de voie d'accès à l'inconscient depuis Winnicott, en particulier quand les conditions narcissiques ne sont pas réunies pour que le sujet puisse rêver et y trouver matière à figuration et à représentation. Là où le délire se veut certitude, le rêve n'a plus sa place pour rétablir un espace transitionnel qui supporte l'énigmatique, l'indécidable, le conflit psychique. Parmi les formes de jeu qui peuvent restaurer un fonctionnement qui supporte l'ambiguïté, le psychodrame peut être une voie pour retrouver la fiction imaginaire. Il rend ainsi possible l'accès à une conflictualité et à un « faire semblant pour de vrai ».
Sous la direction d'Isaac Salem et Philippe Valon