Samuel Beckett, auteur irlandais jusque-là peu connu, est devenu un des plus grands écrivains français dans l’après-coup d’une cure psychanalytique à Londres avec Wilfred R. Bion, qui allait lui-même devenir un des théoriciens les plus originaux de la psychanalyse. Didier Anzieu, psychanalyste qui s’est intéressé au processus créateur, a reconstitué le déroulement de cette cure, son impasse, sa reprise à la fois thérapeutique et littérairement féconde, sous la forme d’une auto-analyse. Il montre que le célèbre soliloque du narrateur beckettien est composé d’associations libres adressées à un psychanalyste fictif. Auto-analyse effectuée par écrit, comme celle de Freud pour ses rêves. Mais l’auto-analyse de Freud explorait le champ de la névrose. Celle de Beckett met au jour des angoisses qui menacent les bases mêmes de la personnalité humaine : le lecteur reçoit ces textes comme le visiteur reçoit les toiles de Francis Bacon, cet autre Irlandais célèbre, comme un coup porté au creux de son âme. À l’instar de Beckett inventant le Nouveau Roman, Anzieu renouvelle l’approche psychanalytique des œuvres. Son ouvrage participe de l’essai, de l’observation clinique, du livre de bord, du pastiche, de la biographie, de l’hommage. Il se présente comme une défense et illustration tantôt de la lecture, tantôt de l’écriture. Ce n’est pas seulement un livre sur Beckett. Ce n’est pas non plus le livre que Beckett n’a pas pu faire sur lui-même. C’est le journal d’un psychanalyste qui compose un livre sur l’auteur qui le fascine depuis près de quarante ans.
Accueil » Publications » Publications récentes »
Beckett et le psychanalyste
Auteur :
524
Éditions Mentha/Archimbaud, 1994, “ Beckett ” dans les rééditions.
Rééditions : l’Aire/Archimbaud, 1996 (révision), Folio/Essais, Gallimard, 1999, Seuil/Archimbaud, 2004.