“Et à l’entour, la silencieuse sauvagerie, enserrant
ce petit morceau défriché de la terre, me frappait comme
quelque chose de grand et d’invincible, tel le mal ou
la vérité, attendant patiemment (…)”
Joseph Conrad, Le Cœur des ténèbres
À un bout, une surprise : le sauvage de notre imagination, l’indomptable, le flamboyant est en fait asservi, pour ainsi dire colonisé, par les puissantes contraintes du tabou. À l’autre, des figures modernes de la sauvagerie : les grandes tueries organisées dans la complicité honteuse et que l’on répugne à désigner tant elles font de l’usage. Elles posent la question de l’inhumanité. Elles sollicitent le masochisme. Elles ne se disent pas en mots.
Pour lier, et à la fois séparer ces deux représentations, peut-être, le conflit psychique, entre pulsion sexuelle et refoulement. Et le fantasme qui, avec sa répétitivité compulsive, est un sauvage monotone et réactionnaire.
Le fond de la sauvagerie psychique : parce que je t’aime, je te hais !