DATES :
12 octobre 2024
14 décembre 2024
15 mars 2025
12 octobre 2024
14 décembre 2024
15 mars 2025
Année 2024-2025
HORAIRE : De 13 heures 45 à 17 heures 30
Débats du samedi
Centre Jouffroy
70, rue Jouffroy d’Abbans – 75017 Paris
70, rue Jouffroy d’Abbans – 75017 Paris
Samedi 12 octobre : Marita Wasser, Didier Houzel
Samedi 14 décembre : Maria Marcellin, Isabelle Pays
Samedi 15 mars : François Hartmann, Pascale Totain-Eghiayan
Samedi 14 décembre : Maria Marcellin, Isabelle Pays
Samedi 15 mars : François Hartmann, Pascale Totain-Eghiayan
Que retenir de l’analité ?
L’analité : s’il est difficile hors le cercle psychanalytique d’admettre l’importance déterminante du sexuel infantile, dans celui-ci, c’est sûrement l’anal qui provoque le
rejet le plus radical. L’oral, le phallique et même l’urétral ne provoquent pas un tel dégoût.
C’est que l’analité est sans doute ce qui nous rapproche le plus de l’aspect biologique, animal de notre existence. Si, comme l’ensemble du sexuel infantile l’anal est
fantasmatique et inconscient, il s’appuie sur une fonction dont il serait singulier de nier l’aspect d’abord corporel.
L’auto-érotisme qui en prolonge la satisfaction est une première organisation de l’anarchie pulsionnelle. Une organisation plus géographique que temporelle, loin de la rigidité que l’on a voulu donner aux stades libidinaux, dans une lecture biaisée mais rassurante d’Abraham.
Les transpositions pulsionnelles, qui permettent de passer des fèces au cadeau, à l’argent, à l’enfant, au pénis, montrent au contraire la souplesse de la pensée freudienne qui, après Lou Andreas Salomé et Karl Abraham, reprend ces transpositions. Au carrefour des notions d’activité et de passivité, de maîtrise, d’emprise et de sadomasochisme, l’analité ne se résume pas à la névrose obsessionnelle ni au caractère anal.
C’est pourtant à partir d’avatars du développement psychosexuel anal que naît la notion de caractère, aussi indispensable pour rendre compte de certaines configurations cliniques que dangereuse dans la théorie par sa propension à être lue de façon défensive : plutôt la sédimentation caractérielle que les motions pulsionnelles associées à la malodorante défécation. Quant au maintien de la satisfaction sexuelle anale qui se traduit par les fantasmes de pénétration dont « L’Homme aux rats » est le paradigme, autant dire qu’on n’en veut rien savoir pour soi-même. Autant d’obstacles à l’écoute du matériel anal transféré, et à la perlaboration par l’analyste du contretransfert qu’il provoque.
Les formations réactionnelles qui révèlent et masquent ces motions pulsionnelles sont à la fois célébrées si elles sont suffisamment discrètes quant à leur origine, et décriées si elle est trop évidente. Ainsi la pitié n’a-t-elle pas bonne presse : elle qui masque mal sa filiation sadique-anale.
Dans l’œuvre freudienne l’analité apparaît très tôt et la parcourt tout entière. Officiellement intronisée par les Trois Essais, elle est un thème permanent jusqu’à
Malaise et les Nouvelles Conférences, résistant à toutes les transformations de la métapsychologie.
Mais en dehors de Lou et d’Abraham, peu se sont engagés à l’étudier directement. Elle pourrait sembler le parent pauvre des études post-freudiennes : un seul volume de la RFP lui est consacré en cent ans d’existence quand la Nouvelle Revue l’ignore.
En ouvrant cette question à la suite d’une journée consacrée à l’argent, nous souhaitons remettre la lumière sur ce qui serait le plus sujet au refoulement, celui des patients, et celui des analystes aussi. S’il est un domaine où l’aphorisme de Lacan : « il n’est de résistance que de l’analyste » est le plus proche de la réalité, c’est bien l’analité.
rejet le plus radical. L’oral, le phallique et même l’urétral ne provoquent pas un tel dégoût.
C’est que l’analité est sans doute ce qui nous rapproche le plus de l’aspect biologique, animal de notre existence. Si, comme l’ensemble du sexuel infantile l’anal est
fantasmatique et inconscient, il s’appuie sur une fonction dont il serait singulier de nier l’aspect d’abord corporel.
L’auto-érotisme qui en prolonge la satisfaction est une première organisation de l’anarchie pulsionnelle. Une organisation plus géographique que temporelle, loin de la rigidité que l’on a voulu donner aux stades libidinaux, dans une lecture biaisée mais rassurante d’Abraham.
Les transpositions pulsionnelles, qui permettent de passer des fèces au cadeau, à l’argent, à l’enfant, au pénis, montrent au contraire la souplesse de la pensée freudienne qui, après Lou Andreas Salomé et Karl Abraham, reprend ces transpositions. Au carrefour des notions d’activité et de passivité, de maîtrise, d’emprise et de sadomasochisme, l’analité ne se résume pas à la névrose obsessionnelle ni au caractère anal.
C’est pourtant à partir d’avatars du développement psychosexuel anal que naît la notion de caractère, aussi indispensable pour rendre compte de certaines configurations cliniques que dangereuse dans la théorie par sa propension à être lue de façon défensive : plutôt la sédimentation caractérielle que les motions pulsionnelles associées à la malodorante défécation. Quant au maintien de la satisfaction sexuelle anale qui se traduit par les fantasmes de pénétration dont « L’Homme aux rats » est le paradigme, autant dire qu’on n’en veut rien savoir pour soi-même. Autant d’obstacles à l’écoute du matériel anal transféré, et à la perlaboration par l’analyste du contretransfert qu’il provoque.
Les formations réactionnelles qui révèlent et masquent ces motions pulsionnelles sont à la fois célébrées si elles sont suffisamment discrètes quant à leur origine, et décriées si elle est trop évidente. Ainsi la pitié n’a-t-elle pas bonne presse : elle qui masque mal sa filiation sadique-anale.
Dans l’œuvre freudienne l’analité apparaît très tôt et la parcourt tout entière. Officiellement intronisée par les Trois Essais, elle est un thème permanent jusqu’à
Malaise et les Nouvelles Conférences, résistant à toutes les transformations de la métapsychologie.
Mais en dehors de Lou et d’Abraham, peu se sont engagés à l’étudier directement. Elle pourrait sembler le parent pauvre des études post-freudiennes : un seul volume de la RFP lui est consacré en cent ans d’existence quand la Nouvelle Revue l’ignore.
En ouvrant cette question à la suite d’une journée consacrée à l’argent, nous souhaitons remettre la lumière sur ce qui serait le plus sujet au refoulement, celui des patients, et celui des analystes aussi. S’il est un domaine où l’aphorisme de Lacan : « il n’est de résistance que de l’analyste » est le plus proche de la réalité, c’est bien l’analité.