L’écriture de Freud oscille entre la nécessité de transmettre et le désir de faire percevoir quelque chose de la vie inconsciente. Entre dérive et exigence, l’écriture freudienne avance dans des registres très différents, du « romanesque » à la spéculation, en passant par le style épistolaire. Serait-il pertinent de faire l’hypothèse que Freud « laisse venir » l’écriture, à la manière des mots et des pensées qui s’expriment en analyse, porteuse de nouvelles interrogations ou de nouvelles trouvailles ?
De nombreux analystes ont, par la suite, partagé la nécessité d’écrire, signe d’une activité créatrice, animée par une ouverture vers de nouveaux horizons théoriques. Du désir d’écrire qui peut survenir en cours d’analyse, signe de la levée d’obstacles inconscients, au besoin d’écrire impulsé par une dimension narcissique, parfois cruelle et impérieuse, existe-t-il un territoire entre déploiement de la régression et impact de la résistance ?
Par des détours parfois imprévus, l’écriture analytique, portée par son inspiration, peut faire de l’inconscient un « voyant » au sens rimbaldien.
L’écrivain et le patient travaillent tout autant l’un que l’autre un même matériau, leurs élaborations suivent cependant des trajectoires sublimatoires différentes. Ces deux voies peuvent se trouver entremêlées et donner alors au processus de l’écriture un sens approchant celui du travail du rêve. Comme si l’écriture venait fixer une mémoire involontaire et permettait la délivrance d’une vérité intérieure.
Pour Freud, les poètes et les romanciers ne sont-ils pas « de précieux alliés » ? « Ils sont dans la connaissance de l’âme, nos maîtres à nous… car ils s’abreuvent à des sources que nous n’avons pas encore rendues accessibles à la science. »
À l’instar du narrateur de la Recherche, qui, pour réaliser enfin sa vocation d’écrivain, fait revivre un passé oublié, l’analyse nous invite à retrouver les traces de nos sublimations précoces, véritables, « dès l’origine ».
PROGRAMME
En présence du président et du secrétaire scientifique de l’APF.
13h30 | Accueil des participants | |
14h00 | Hélène Coulouvrat | Introduction au thème de la rencontre |
14h15 | Régis Bongrand | Fonctions et fictions de l’écriture |
15h15 | Françoise Laurent | Je ne sais ce qui me possède… |
16h15 | Pause | |
17h00 | Jean-Yves Tamet | Carnet de route |
18h00 | Discussion générale | Chaque intervention sera suivie de sa propre discussion. |
18h30 | Clôture de la rencontre |
Table de presse par la librairie Passages
Accès et déroulement conformes à la réglementation et aux mesures sanitaires en cours.