Le cursus de formation
Rappelons ici que l’APF, selon ses statuts, a pour objet d’apporter sa contribution à la découverte freudienne et à la recherche en psychanalyse, et de former des psychanalystes selon les normes qui lui sont spécifiques.
Nous présentons ici son cursus de formation dans ses modalités pratiques, mais il convient de souligner combien la pensée de la formation à l’APF est indissociable de l’histoire de l’APF, de son mouvement : afin d’en comprendre plus précisément l’entrelacement, nous vous invitons à consulter l’onglet L’APF qui retrace les grandes lignes de ce parcours, des choix qui ont été effectués et des options prises.
L’admission à l’Institut de formation
Qui souhaite entreprendre une formation à l’APF adresse un courrier au secrétaire du comité de formation dont les coordonnées lui sont transmises par le secrétariat administratif. Si sa candidature est jugée recevable, il sera invité à prendre rendez-vous avec trois membres de ce comité qu’il choisira librement dans la liste qui lui aura été adressée. La condition première pour qu’une candidature soit prise en compte tient évidemment à l’analyse personnelle du candidat, laquelle peut d’ailleurs être en cours au moment où il entreprend sa démarche. Suivant notre principe assurant l’extraterritorialité de l’analyse personnelle, c’est donc au candidat et à lui seul qu’il appartient de se présenter sans conditions portant sur le statut et l’appartenance de son analyste à telle ou telle société).
Venant à point nommé dans le déroulement d’un parcours analytique et sur un chemin de vie, portés par un désir, ces entretiens d’admission sont pris dans un mouvement qui, à travers leur succession, d’une rencontre à l’autre, d’une séance à l’autre, pourrait-on dire, témoigne des capacités d’auto-analyse du candidat vis-à-vis des effets transférentiels, des représentations, des identifications et des projections idéales qui se trouvent sollicitées en la circonstance. Sa candidature est un acte singulier, à la fois intime et social, dont lui seul est à même de parler en première intention. Il reviendra à ceux qui l’ont reçu et qui l’ont écouté de tenter d’évaluer ce qui l’anime au regard du but poursuivi et ce qu’il parait en mesure d’y investir. Ils rapporteront ensuite le fruit de leur écoute au sein du Comité de formation. À l’issue de la discussion de leurs rapports, s’actera la décision d’admettre ou pas le candidat à la formation, lequel pourra se représenter ultérieurement si sa demande est apparue comme prématurée.
Les cures supervisées
Sitôt admis le candidat est invité à entreprendre la première des deux cures supervisées qu’il aura à conduire successivement, la seconde après la validation de la première. Le cas de contrôle doit être celui d’un adulte susceptible de s’engager à trois séances par semaine. Le choix d’un « contrôleur » ou « superviseur » parmi les membres titulaires est laissé à la discrétion de l’analyste en formation.
Il appartient également à celui-ci de demander lui-même, quand il s’y sent prêt, la validation de son contrôle. Il envoie alors un courrier au secrétaire du comité de formation qui désignera une commission de trois membres par laquelle il sera entendu. Il faut souligner que le souhait d’entendre en personne propre, et non par délégation, la parole singulière de l’analyste en formation va de pair avec le statut que l’APF donne à celui-ci dans la vie de l’association. Pour les validations, à la suite de l’écoute de l’analyste supervisé, le superviseur est lui aussi entendu par la même commission et il donne son point de vue sur le travail effectué. C’est le Comité de formation qui, sur rapport de la commission, décide de la validation ou non de la supervision.
Si ces cures contrôlées sont le support essentiel de la formation, simultanément l’analyste est largement invité à participer sous sa propre gouverne aux activités qui sont proposées par les Comités scientifiques et d’enseignement.
L’enseignement, les échanges scientifiques, la recherche
L’enseignement dans le cadre de l’APF n’est ni magistral, ni doctrinal, ni conçu par étapes : il consiste en activités de séminaires ou de groupes de travail de taille réduite, organisées autour d’un thème qui convoque des apports à la fois théoriques et cliniques, en ateliers de recherche, et autres espaces de rencontre : autour de la pratique, autour de thèmes particuliers, autour des écrits freudiens et autres œuvres psychanalytiques ou de travaux contemporains discutés avec les auteurs. Les analystes en formation ont aussi la possibilité d’organiser eux-mêmes de tels groupes de travail et des ateliers de recherche au sein même de l’Institut ou à l’extérieur de celui-ci lorsqu’ils souhaitent accueillir des participants qui ne font pas partie de l’association.
Les formes que prend l’enseignement à l’APF ont été l’objet, au fil des années, de nombreux échanges et approfondissements. Ainsi est-il apparu que ces formes ne répondaient pas suffisamment aux souhaits d’échanges cliniques et théoriques des membres eux-mêmes, une fois leur cursus achevé. C’est pourquoi depuis 2006 et sous l’impulsion de Daniel Widlöcher, (qui a toujours soutenu la nécessité pour la psychanalyse d’être « en dialogue ») ont été créés des Ateliers de recherche clinique et conceptuelle (ARCC). Ceux-ci réunissent dans le cadre de l’Association des analystes appartenant à différentes sociétés, auxquels peuvent se joindre divers chercheurs en sciences humaines intéressés par le thème de l’atelier. Les échanges cliniques et théoriques suscités par le travail de l’atelier peuvent faire l’objet d’une présentation dans l’une des journées scientifiques de l’Association.
Chaque année est marquée par différentes manifestations internes telles que les « Samedis débats » et les « Entretiens scientifiques » auxquelles s’ajoutent des Journées ouvertes qui visent un plus large public. Certains de ces colloques ont un caractère interdisciplinaire afin de permettre des échanges entre psychanalystes et des spécialistes d’autres champs du savoir et de la connaissance. Les analystes en formation pourront être invités eux-mêmes à intervenir en tant que conférenciers dans ces débats, au sein de l’APF, comme d’ailleurs dans d’autres contextes.
L’APF est également partie prenante de débats, colloques et congrès organisés en coopération avec d’autres sociétés. Il en est ainsi du Congrès des psychanalystes de langue française dont la SPP est principalement responsable mais à l’organisation duquel l’APF contribue quand il a lieu en France, c’est-à-dire une année sur deux. L’Association a toujours été active au sein de la Fédération européenne de psychanalyse (FEP) dont le siège est aujourd’hui à Bruxelles. Certains de nos membres en ont été présidents, secrétaires généraux… Les activités de l’API dont Daniel Widlöcher fut président, proposent d’autres espaces de travail et de réflexion ouverts aux sociétés composantes telles que l’APF.
Beaucoup d’analystes de l’APF pratiquent la psychanalyse avec des enfants, mais l’Association s’est toujours refusée à en faire une spécialité à part. Elle donne lieu à des séminaires, des groupes de travail et des supervisions librement choisies au sein de l’institution ou au-dehors. Des membres de l’APF ont toujours apporté leur coopération à des sociétés qui s’intéressent électivement au travail avec les enfants.
Un vaste choix est donc offert aux analystes en formation qui peuvent aussi puiser à d’autres sources, extérieures à l’institution, universitaires et autres. Admis d’emblée à l’ensemble des activités d’enseignement et des activités scientifiques de l’APF, ils peuvent aussi participer à tous les niveaux de la vie institutionnelle (sauf pour la tâche spécifique impartie au Comité de formation) et concourir au travail des différents Comités, scientifique, de l’enseignement, de publication du Présent de la psychanalyse ou de la revue à usage interne « Documents et débats ». Ils peuvent être sollicités comme les membres pour des publications à moins qu’ils ne prennent eux-mêmes l’initiative d’écrire et de soumettre leur travail à qui de droit. Leur parcours dans les enseignements ne sera évalué qu’en fin de parcours, lors de la demande d’homologation.
L’homologation
Lorsque la validation du second contrôle est acquise, l’analyste en formation peut demander sitôt qu’il le souhaite l’homologation de son cursus auprès du secrétaire du Comité de formation. Ce comité propose généralement que le candidat soit reçu par l’un de ses membres, sous réserve de l’accord du Conseil. Mais cette instance (le Conseil) a toute liberté de proposer quelqu’un d’autre si, pour telle ou telle raison, cela parait plus judicieux. Le secrétaire général adresse alors un courrier au demandeur pour l’inviter à prendre rendez-vous avec le membre titulaire qui a accepté de l’entendre et d’être le rapporteur de sa demande auprès du collège des titulaires. Au cours de l’entretien, l’ensemble de sa participation aux activités d’enseignement est évoqué, que celles-ci se soient tenues dans le cadre de l’institut de l’APF ou en dehors de lui. Si le rapporteur émet un avis favorable et si, après discussion, personne n’a demandé que cette décision soit soumise au vote (lequel se fait alors à bulletin secret et à la majorité simple des membres présents), l’homologation est acquise.
La formation d’un analyste connaît ainsi la fin de son cursus institutionnel. Mais, comme pour l’analyse qui se poursuit bien au-delà de la fin de la cure, la formation demeurera véritablement et heureusement sans fin.
L’analyste ayant homologué son cursus peut alors choisir de s’en tenir à ce parcours accompli ou bien de prolonger autrement son aventure institutionnelle.
Devenir membre de l’APF
L’homologation du cursus une fois acquise, l’analyste ayant achevé son cursus devra, s’il souhaite devenir membre sociétaire de l’APF, écrire un Mémoire qu’il adressera à tous les membres titulaires. Le Conseil désignera alors trois de ces membres titulaires avec lesquels le candidat prendra successivement rendez-vous. Ils seront, auprès du Collège, rapporteurs de sa candidature. Son élection sera soumise à un vote à bulletin secret et à la majorité des deux tiers des membres présents.
Ces mêmes modalités institutionnelles (sans la production d’un mémoire) concernent le processus de l’élection au titulariat. La fonction de titulaire répond institutionnellement à des objectifs spécifiques sur le plan de la formation et de l’éthique psychanalytique, au sens le plus large, qu’elle a pour fonction de préserver contre certaines dérives. C’est-à-dire que les titulaires portent la responsabilité de garder à la psychanalyse sa force subversive par rapport à toute forme d’influence et d’emprise des uns sur l’esprit des autres, ce en quoi elle se différencie radicalement des formes de psychothérapies et d’éducation fondées sur la suggestion.