La scène sexuelle nous porte depuis Freud au cœur du psychisme, pour peu qu’on l’entende comme fantasmatique, inconsciente, infantile. Séduction, castration, scène primitive guident le psychanalyste. Parmi ces trois fantasmes, la scène primitive est celui qui tente de répondre à la question de la fabrication des enfants et même de l’enfant que l’on a été. Elle est la butée qui fait vaciller l’omnipotence infantile, ainsi que le point central des identifications masculines et féminines et donc de l’organisation de la bisexualité psychique. C’est cette « Excellence paradigmatique de la scène primitive » selon J.-C. Lavie qui en fait depuis le début un point d’attaque privilégié contre la psychanalyse, des foudres venues des bien-pensants comme des révolutionnaires. Le 21e siècle n’est pas en reste et avec les mêmes arguments, moraux ou idéologiques. [ … ]
DATES :
Samedi 14 et dimanche 15 juin 2025
Samedi 14 et dimanche 15 juin 2025
ANNÉE 2025
Les entretiens de l’APF
FIAP - Jean Monnet
30, rue Cabanis, 75014 Paris
30, rue Cabanis, 75014 Paris
Conférenciers : Conférenciers : Patrick Merot, Nicolas de Coulon (SSP), Olivia Todisco
Encore et toujours la sexualité à l’épreuve ?
La scène sexuelle nous porte depuis Freud au cœur du psychisme, pour peu qu’on l’entende comme fantasmatique, inconsciente, infantile. Séduction, castration, scène primitive guident le psychanalyste. Parmi ces trois fantasmes, la scène primitive est celui qui tente de répondre à la question de la fabrication des enfants et même de l’enfant que l’on a été. Elle est la butée qui fait vaciller l’omnipotence infantile, ainsi que le point central des identifications masculines et féminines et donc de l’organisation de la bisexualité psychique. C’est cette « Excellence paradigmatique de la scène primitive » selon J.-C. Lavie qui en fait depuis le début un point d’attaque privilégié contre la psychanalyse, des foudres venues des bien-pensants comme des révolutionnaires. Le 21e siècle n’est pas en reste et avec les mêmes arguments, moraux ou idéologiques.
Côté morale : le retour de l’innocence infantile contre le petit pervers polymorphe freudien, et celui du traumatisme externe contre le traumatisme interne de la pulsion.
Côté idéologie : ce qui fut lutte pour l’égalité des sexes, le droit d’être reconnu comme citoyen à part entière et libre de sa vie privée, érotique, politique et sociale, tend à se constituer en une doctrine qui transforme liberté en devoir et en censure.
Aujourd’hui les théories dites « du genre » prospèrent à une allure vertigineuse y compris à l’intérieur du mouvement analytique. Se rassemblent sous ce vocable un assez grand nombre de revendications, féministes à l’origine, puis élargies à toutes les minorités et devenues « identitaires ». Les identités, prenant la place des identifications, contestent l’universalité de la théorie psychanalytique, tout particulièrement celle du complexe d’Œdipe à travers la mise en cause de la scène primitive comme limite au fantasme d’auto-engendrement.
Si la clinique identitaire est souvent ardue, pose-t-elle des problèmes métapsychologiques nouveaux ?
Grâce au concept d’identification, n’y aurait-il aucune possibilité de trouver une placepour le genre qui ne serait pas exclusive de la différence des sexes, comme Jean Laplanche l’avait proposé ?
Ce qui peut préoccuper est l’excitation collective que ce sujet suscite. Dans les études universitaires en sciences humaines, dont les départements de psychanalyse, n’assiste-t-on pas dans ce domaine à une confusion entre science et militantisme ?
Il est certes dans la nature des idéologies de s’emparer de tout : leur Weltanschauung n’admet rien en dehors d’elle. Aujourd’hui, de l’identité à l’identitarisme, de la différence des sexes aux genres, de l’origine aux roots wokistes, elles tendent à s’imposer dans la vie d’âme de façon extensive et parfois violente. Peut-on avoir la crainte que ces nouvelles visions du monde ne prétendent à l’hégémonie comme certaines de celles qui les ont précédées ?
Côté morale : le retour de l’innocence infantile contre le petit pervers polymorphe freudien, et celui du traumatisme externe contre le traumatisme interne de la pulsion.
Côté idéologie : ce qui fut lutte pour l’égalité des sexes, le droit d’être reconnu comme citoyen à part entière et libre de sa vie privée, érotique, politique et sociale, tend à se constituer en une doctrine qui transforme liberté en devoir et en censure.
Aujourd’hui les théories dites « du genre » prospèrent à une allure vertigineuse y compris à l’intérieur du mouvement analytique. Se rassemblent sous ce vocable un assez grand nombre de revendications, féministes à l’origine, puis élargies à toutes les minorités et devenues « identitaires ». Les identités, prenant la place des identifications, contestent l’universalité de la théorie psychanalytique, tout particulièrement celle du complexe d’Œdipe à travers la mise en cause de la scène primitive comme limite au fantasme d’auto-engendrement.
Si la clinique identitaire est souvent ardue, pose-t-elle des problèmes métapsychologiques nouveaux ?
Grâce au concept d’identification, n’y aurait-il aucune possibilité de trouver une placepour le genre qui ne serait pas exclusive de la différence des sexes, comme Jean Laplanche l’avait proposé ?
Ce qui peut préoccuper est l’excitation collective que ce sujet suscite. Dans les études universitaires en sciences humaines, dont les départements de psychanalyse, n’assiste-t-on pas dans ce domaine à une confusion entre science et militantisme ?
Il est certes dans la nature des idéologies de s’emparer de tout : leur Weltanschauung n’admet rien en dehors d’elle. Aujourd’hui, de l’identité à l’identitarisme, de la différence des sexes aux genres, de l’origine aux roots wokistes, elles tendent à s’imposer dans la vie d’âme de façon extensive et parfois violente. Peut-on avoir la crainte que ces nouvelles visions du monde ne prétendent à l’hégémonie comme certaines de celles qui les ont précédées ?