DATES :
Samedi 13 et dimanche 14 juin
Samedi 13 et dimanche 14 juin
ANNÉE 2026
Les entretiens de l’APF
FIAP - Jean Monnet
30, rue Cabanis, 75014 Paris
30, rue Cabanis, 75014 Paris
Conférenciers : Thomas Clerc (écrivain), Jean-Michel Hirt, Dominique Suchet
Discutants : Wilfried Morice, Olivia Todisco, Antoine Machto
Discutants : Wilfried Morice, Olivia Todisco, Antoine Machto
L’excès
Il y a dans l’excès une sorte de vertige. Comme si le sujet, emporté par une vague trop haute, ne savait plus comment redescendre. À travers ce trop, parfois il cherche à vivre plus ou à faire taire ce silence intérieur qui hurle dès que tout s’arrête.
La psychanalyse n’a jamais vu dans l’excès la simple démesure, mais un appel, une tentative pour dire ce qui, autrement, resterait enfoui. Chez Freud déjà, les corps hystériques s’alourdissent de mots non dits. Ils tremblent, chutent, s’immobilisent – et dans cette chair en excès, quelque chose cherche à se dire. C’est l’inconscient qui s’infiltre, qui se cabre, qui déborde. Freud comprend que l’excès n’est pas un écart isolé, mais l’œuvre d’un refoulé qui cherche une issue. Le sujet n’excède pas sans raison : il excède parce que quelque chose insiste. C’est la pulsion qui, elle, ne connaît ni repos ni mesure : elle n’est pas sage. Elle est inassouvie par essence, sans cesse relancée, et dans certains cas, incontrôlable. Si le principe de plaisir est censé réguler la vie psychique, il peut être débordé par une autre force : la pulsion de mort. Ce mouvement paradoxal où le sujet s’acharne à répéter sa propre perte, son propre excès.
Ce moment où le sujet ne se reconnaît plus, où il se consume dans ce qui le dépasse. L’excès n’est pas seulement un débordement, serait-il une faille dans le symbolique ? Là où les mots manquent, là où le sexuel surgit – brut, nu, insoutenable.
L’excès nous a-t-il jamais posé autant de questions qu’aujourd’hui ? Il faut consommer sans fin, produire sans relâche, aimer intensément, paraître constamment, sous peine de disparaître. Le sujet est sommé d’exister en boucle – dans les “likes”, dans un flux continu de performance et de visibilité, au risque de devenir ce corps fatigué, cet esprit sursaturé, cette voix qui ne sait plus si elle parle pour dire ou simplement pour ne pas se taire. Plutôt que liberté, l’excès serait-il alors aliénation ? Le signe d’un manque jamais comblé, l’écho incessant d’un désir qui ne sait plus à quoi il aspire ?
Et pourtant – ou justement pour cela – la psychanalyse ne condamne pas l’excès. Elle l’écoute, patiemment, dans les interstices du langage. Y aurait-il en chaque « trop » un appel à l’autre, une trace du sujet qui tente, tant bien que mal, de se dire ? Ou l’excès serait-il un cri, un chant brisé, une tentative de rompre le silence ?
Et dans cette tentative, peut-être, commence la possibilité d’une parole vraie. Non pas une parole mesurée, raisonnable, bien élevée – mais une parole qui ose frôler l’abîme, et revenir. Une parole qui, lentement, apprend à nommer le vide sans le combler. À désirer sans se détruire. À exister sans s’éteindre.
La psychanalyse n’a jamais vu dans l’excès la simple démesure, mais un appel, une tentative pour dire ce qui, autrement, resterait enfoui. Chez Freud déjà, les corps hystériques s’alourdissent de mots non dits. Ils tremblent, chutent, s’immobilisent – et dans cette chair en excès, quelque chose cherche à se dire. C’est l’inconscient qui s’infiltre, qui se cabre, qui déborde. Freud comprend que l’excès n’est pas un écart isolé, mais l’œuvre d’un refoulé qui cherche une issue. Le sujet n’excède pas sans raison : il excède parce que quelque chose insiste. C’est la pulsion qui, elle, ne connaît ni repos ni mesure : elle n’est pas sage. Elle est inassouvie par essence, sans cesse relancée, et dans certains cas, incontrôlable. Si le principe de plaisir est censé réguler la vie psychique, il peut être débordé par une autre force : la pulsion de mort. Ce mouvement paradoxal où le sujet s’acharne à répéter sa propre perte, son propre excès.
Ce moment où le sujet ne se reconnaît plus, où il se consume dans ce qui le dépasse. L’excès n’est pas seulement un débordement, serait-il une faille dans le symbolique ? Là où les mots manquent, là où le sexuel surgit – brut, nu, insoutenable.
L’excès nous a-t-il jamais posé autant de questions qu’aujourd’hui ? Il faut consommer sans fin, produire sans relâche, aimer intensément, paraître constamment, sous peine de disparaître. Le sujet est sommé d’exister en boucle – dans les “likes”, dans un flux continu de performance et de visibilité, au risque de devenir ce corps fatigué, cet esprit sursaturé, cette voix qui ne sait plus si elle parle pour dire ou simplement pour ne pas se taire. Plutôt que liberté, l’excès serait-il alors aliénation ? Le signe d’un manque jamais comblé, l’écho incessant d’un désir qui ne sait plus à quoi il aspire ?
Et pourtant – ou justement pour cela – la psychanalyse ne condamne pas l’excès. Elle l’écoute, patiemment, dans les interstices du langage. Y aurait-il en chaque « trop » un appel à l’autre, une trace du sujet qui tente, tant bien que mal, de se dire ? Ou l’excès serait-il un cri, un chant brisé, une tentative de rompre le silence ?
Et dans cette tentative, peut-être, commence la possibilité d’une parole vraie. Non pas une parole mesurée, raisonnable, bien élevée – mais une parole qui ose frôler l’abîme, et revenir. Une parole qui, lentement, apprend à nommer le vide sans le combler. À désirer sans se détruire. À exister sans s’éteindre.