Programme, appel à proposition, renseignements et inscription
Le 54e congrès de l’API se tiendra à Lisbonne, capitale du Portugal, du 30 juillet au 2 août 2025. Lisbonne est connue pour ses collines colorées et son élégant centre-ville du XVIIIe siècle. C’est le port européen le plus à l’ouest de la côte atlantique. Fernando Pessoa, le grand poète portugais, est né et a vécu à Lisbonne. Il est connu pour avoir développé une poétique de l’altérité et de ses multiples implications.
La ville a survécu au tremblement de terre dévastateur de 1755, surmontant le chaos. Cet événement majeur a influencé la pensée des Lumières sur la place de l’humanité dans la nature, tout comme le réchauffement climatique le fait aujourd’hui. Gage d’espoir, la beauté règne aujourd’hui dans le centre-ville reconstruit.
Le titre de notre congrès est « La psychanalyse : un point d’ancrage en période de chaos », et les quatre sous-thèmes de notre congrès sont :
1. Spécificité du travail psychanalytique à travers les différentes cultures
2. La vie psychique en période de catastrophe environnementale : climat, guerre
3. La théorie aujourd’hui : sexualité, agression, traumatisme
4. La technologie et l’esprit humain
Le thème de l’altérité de Pessoa est omniprésent dans l’ensemble du congrès avec ses quatre axes - la culture, la catastrophe, l’inconscient et la technologie - présentés par les conférenciers invités, les contributions individuelles, panels, discussions sur les films, entretiens psy et affiches.
Les crises, tensions et bouleversements mondiaux actuels, ainsi que les défis et innovations technologiques, nous obligent à prendre un peu de distance et à penser différemment, à la recherche de points d’ancrage psychanalytiques en ces temps difficiles. Comment pouvons-nous, en tant que psychanalystes, rester activement et utilement impliqués dans notre travail en temps de guerre, au milieu d’une crise climatique mondiale, alors que notre réflexion sur le genre et la technologie se transforme sous nos yeux ?
Nous sommes impatients d’apprendre de vous et des autres participants au congrès la manière dont les psychanalystes répondent à ces défis, en concevant leur activité psychanalytique différemment (ou pas) à ce moment de l’histoire, dans leur pratique clinique et dans la théorie.
Nous reconnaissons de plus en plus que nos cadres de référence traditionnels sont menacés ou remis en question, de sorte que nous ne pouvons plus nous appuyer sur les structures subjectivement et collectivement stables du passé. Les frontières de l’expérience psychologique, les cadres juridiques, les institutions sociales et politiques et la biosphère s’effondrent. Ce sont ces structures qui ont contribué à maintenir nos sociétés - et nos esprits - dans un équilibre relatif au cours des dernières décennies.
Nous revenons en partie aux textes de Freud, écrits pendant et après la Première Guerre mondiale, pour comprendre la polarisation politique, la déstabilisation sociale, la résurgence du fanatisme et du terrorisme, les conflits militaires, les catastrophes environnementales, la déshumanisation scientifique et technologique, la numérisation de l’existence, l’atomisation de l’identité, la post-vérité, l’incrédulité, l’apathie et l’effondrement du plaisir. Autant de variables traumatiques qui contribuent à une mutation anthropologique en cours et qui nous menace de l’anéantissement de toute notre existence.
Le défi du 54e congrès de l’API sera de chercher à savoir comment la psychanalyse peut offrir un ou plusieurs points d’ancrage en ces temps perturbés et chaotiques en haute mer, exposés à l’insondable, à l’écrasant, au primaire, au fondamental, mais non moins au transitoire, où les frontières sont devenues floues.
Comment le monde que nous influençons nous influence-t-il ? Comment pouvons-nous l’influencer et éventuellement inverser la tendance à la destruction, à la détérioration et à la mort qui semble nous guetter ? Comment nos psychismes et nos sociétés résisteront-ils à l’incertitude croissante et au chaos mondial potentiel ? Comment contenir ces angoisses, ces peurs, ces terreurs et ce sentiment d’impuissance à l’échelle mondiale ? Et comment pouvons-nous, en tant que psychanalystes, travailler malgré l’effondrement des cadres avec lesquels nous avions l’habitude de travailler ? S’il devient évident que les deux participants de la dyade analytique sont en danger et qu’ils sont enfermés dans les mêmes registres inexprimables et irreprésentables, alors qu’avons-nous à offrir à nos patients ?
En tant que psychanalystes, notre meilleure chance est de poursuivre notre travail et d’écouter la réalité psychique inconsciente. Mais comme notre réalité concrète actuelle impose plus que jamais une logique fatale dont l’articulation avec la réalité psychique est inévitable, nous sommes mis au défi de trouver des moyens de rester ancrés dans ces mondes en interface et de poursuivre notre travail dans et malgré les eaux troubles.
Nous avons besoin de l’aide de tous pour réfléchir à la manière dont cela peut se faire. Quels sont, ou pourraient être, nos ancrages psychanalytiques actuels et futurs ? Se trouvent-ils dans une position éthique qui consiste à toujours être réceptif et prêt à s’identifier à l’expérience subjective et à la réalité inconsciente de chacun de nos patients ? Dans notre curiosité psychanalytique pour les autres esprits ? Dans notre capacité à trouver des moyens de communiquer et à jeter des ponts à travers des fossés apparemment infranchissables entre différentes visions du monde ? Dans notre compréhension de la passagèreté, du manque et de la perte, et dans notre capacité à aider les gens à faire le travail de deuil requis par ces réalités ? Dans la recherche de représentations et de symboles nouveaux et significatifs ? En jetant un regard neuf sur notre théorie sous-jacente à tout ce qui précède ? Nous attendons avec impatience les contributions psychanalytiques des congressistes, examinant le fonctionnement inconscient de nos psychismes individuels et collectifs.
Nous concluons par une préoccupation majeure : l’espoir. Que pouvons-nous, en tant que psychanalystes, apporter à nos patients et à nos communautés pour favoriser l’espoir ? Que dit la psychanalyse sur la façon dont naît un espoir réaliste et sur la façon dont il peut devenir effectif dans les relations, les groupes et les sociétés plus étendues ? L’espoir sera nécessaire pour trouver notre chemin, mais il ne peut être une illusion défensive. Il doit être mis en pratique, pour des solutions et des adaptations réalistes. Comment la psychanalyse peut-elle permettre aux individus et aux sociétés de faire la distinction entre la créativité qui favorise la vie, et l’évasion délirante ?