L’étude du bébé, de ses compétences, de ses interrelations précoces et de ses modalités représentatives – étude en plein essor en cette fin de siècle et de millénaire –, doit-elle nous faire renoncer à tout ou partie des acquis de la réflexion psychanalytique ? Certes, non !
A partir de sa pratique auprès des jeunes enfants et de son engagement dans le champ des psychopathologies les plus archaïques, l’auteur tente ici d’intégrer les données les plus récentes de la psychologie développementale au sein d’une perspective psychanalytique certes modifiée par elles mais en rien obsolète.
La théorie de l’attachement, par exemple, n’implique aucunement un renoncement obligatoire à la théorie des pulsions, à celle de l’étayage ou à celle de l’après-coup. La pensée s’enracine dans le corps et dans la relation, à l’exact entrecroisement des deux.
Du corps à la pensée, du corps de la pensée à la pensée du corps… et de l’absence ! Si nous voulons que la modernité demeure centrée sur la question de la liberté, gardons-nous, en ce qui concerne nos modélisations de la vie psychique et relationnelle du bébé, d’évacuer trop rapidement la complexité qui, bien entendu, nous confronte immanquablement à la souffrance, à la sexualité et à la mort.