« Quand on pénètre en pays lointain, on doit avant tout faire table rase des enseignements reçus jusqu’alors, pour se plier aux coutumes de cette contrée neuve pour nous : il faut renoncer aux idées qui nous sont chères, voire à nos anciens dieux, et prendre parfois même le contre-pied des principes qui, jadis, réglaient notre conduite. »
Il semble un peu présomptueux de citer ces conseils de Jack London pour introduire le second recueil des VARIA de la Nouvelle revue de psychanalyse, et de lui donner le titre d’une de ses nouvelles. C’est en effet, et à tout le moins, laisser entendre qu’il va y avoir un voyage (voyage, non en quatre-vingts jours, mais en quatre-vingts textes brefs, dus à cinquante auteurs). Présomption aussi que d’annoncer que la pensée de l’analyse, qui est un essentiel déplacement, va si loin que ça. Et ce lointain, est-il aussi riche que les terres d’aventures du romancier ? Fait-il autant – fait-il encore – rêver ?
Ni épisodes d’un roman ni morceaux d’un rêve, les trois parties de ce recueil racontent l’affairement des départs. Il y en a de toutes sortes, certains départs sont commentés à mi-voix comme lorsqu’il faut penser à tout, d’autres plus rapides qu’une fusée ne laissent pas le temps. Ici on est invité et on voyagera ensemble, là on est clandestin - ou on reste à quai.
Trois parties : la première quitte le rêve et les livres ; la deuxième quitte la mémoire et l’écriture ; la troisième, les voix – et les mots ?
Michel Gribinski