Éros est un rôdeur de barrières. Là où il s’arrête n’est déjà plus ce à quoi il aspire ; là où, pour l’instant, il n’est pas encore allé, là se tient l’objet invisible, le seul objet, terra ignota. Ainsi se tracent les frontières, les limites entre le totalement identique et le radicalement étranger.
Ce livre rôde sur les mêmes frontières : celles qui délimitent un espace psychique. Il tente, sans jamais lâcher l’appui de la clinique, d’en comprendre l’édification, les fragilités, les déplacements. Entre le corps biologique, le réel sociopolitique, l’antériorité d’une généalogie, et le fantasme qui les rêve, quelle distance, quelles reprises, quels empiétements destructeurs ?
En ces confins sourd, toujours vive, l’énergie libidinale, et naît la pensée qui tente de la lier, de l’épuiser. Il arrive que dans un suspens, par un fugitif pas de côté, l’homme se saisisse de ce qui, ainsi, le constitue : dans le mouvement de la création. Il est ici affirmé que c’est aussi celui de l’interprétation proprement psychanalytique.