L’inconscient et la science. Mettre en interrogation ces deux termes réunis, ce n’est pas revenir à des affrontements dépassés. C’est bien davantage être convaincu que la science et la psychanalyse, à l’égal de la science et de la poésie, ne sont pas, selon l’expression de Saint-John Perse, « considérées comme frères ennemis mais que, dans un champ comme dans l’autre, l’interrogation est la même qu’ils tiennent sur un même abîme, et seuls leurs modes d’investigation diffèrent ».
Démarche psychanalytique et démarche scientifique sont, toutes deux, écoute poétique de la nature ; leur finalité commune n’est autre que le dévoilement et la conceptualisation de la dynamique génératrice des structures profondes. Pour ce faire, l’homme de science comme le psychanalyste n’a d’autre langue que celle du mythe, seul discours cohérent qui réponde à l’exigence de l’activité de recherche. Mais c’est dans l’interaction entre les deux champs que se révèle la fécondité de leurs apports réciproques.
La science fournit à la psychanalyse certaines de ses modélisations ( théorie des catastrophes, systèmes auto-organisationnels, théorie de l’information… ) et la possibilité de s’approprier des concepts nomades, migrant d’une science à l’autre.
La psychanalyse, à son tour, révèle au savant qu’en tant que sujet connaissant il est fondamentalement clivé et que ce clivage, imposé par la reconnaissance de l’inconscient, est clivage entre savoir et vérité. Le sujet est pris, dès l’origine, dans une division constituante qui marque irrémédiablement son activité d’investigation.
Accueil » Publications » Publications récentes »
L’inconscient et la science
Auteur :
1158
Auteur(s) APF :
1158
Avec C. Castoriadis, E; Enriquez, R. Thom, J. Ménéchal, W.-H. Friedman, G. Berquez, A. Green.
Collection Inconscient et culture, Dunod.
Parution : 22 février 1991