Comment devient-on une personne, et pas seulement une grande personne ?
Un angle de vue ou d’éclairage particulier spécifie l’approche de ce problème dans cet ouvrage, c’est la bouche. La bouche pleine ( ou se remplissant ) de mots avec l’émergence du langage, la bouche vide ( ou vidée ) de l’anorexique, la bouche meurtrie et inconsolable de l’autiste face à la séparation d’avec le « mamelon pénis ». Naître à la vie psychique en tant
qu’ « œuvre de bouche » : comme on le voit, il ne s’agit pas d’un amuse-gueule, car l’enjeu y est de taille.
Insister de in-sistere, s’appuyer sur.
Exister de ex-sistere, se situer au-dehors.
Au fil des textes, apparaît le constat qu’exister, finalement, ne va pas de soi.
Dès qu’il y a pulsion de vie, l’existence insiste et dès qu’il y a pulsion de mort, l’insistance existe, ne serait-ce que par le biais de l’automatisme de répétition.
C’est de ce balancement-ci que nous nous construisons, forgerons de nos espaces intérieurs, gardiens de nos limites et de nos frontières extérieures. Equilibre fragile à préserver sans cesse, comme si le passage de l’être à la personne se nourrissait du devoir d’insistance à personne en danger.
Assistance à autrui, insistance pour soi-même face au risque de dissolution : c’est presque une leçon de maintien !