Les enfants aiment les expressions telles que « Au nom de la loi je vous arrête » ou bien « Recherché, mort ou vif ». Et si être coupable, c’était être coupé(e), anatomiquement ou coupé(e) du monde, mis(e) au ban de la famille ? Coupable puisque coupé(e) et coupé(e) puisque coupable : l’enfant est un interprète inquiet ou ravi de la langue et de son équivoque. Il est aussi l’interprète obligé des attentes et des exigences parentales. Avec le surmoi, il existe quelque chose comme un infantile du juridique. Le droit, avatar de la loi, est né dans l’inconscient en s’y reprenant à plusieurs fois. Les deux domaines semblent éloignés, mais l’activité interprétative y est essentielle.
Chez Freud, la conception du droit comme violence confisquée le détourne de considérer aussi sa valeur protectrice de l’individu. À sa suite, les analystes tendent souvent à brouiller les frontières entre droit, Loi, morale et directives d’un surmoi bien constitué. Ces notions rôdent les unes autour des autres, et sont ici distinguées. Catherine Rodière-Rein fait entrer ces notions en dialogue – et, en résonance, les pensées juridique et psychanalytique – en explorant quelques situations humaines particulières : celle de l’enfant, du mort, de l’héritier ou celle – malgré tout plus rare – du cannibale.