La bouche est une scène ; il s’y joue de nombreux scénarios dont le principal est celui de l’incorporation-introjection-identification. A la différence des autres scènes ( du théâtre, de l’opéra ), le rideau s’ouvre ici vers le bas ( ventre ) ; il existe même des pièces qui se jouent à rideau fermé ou qui jouent seulement avec l’ouverture-fermeture. Les acteurs sont ceux qui constituent l’identité et le monde intérieur de l’individu en interaction avec ceux du monde extérieur et du sacré.
Les grèves de la faim servent ici de paradigme à l’étude psychanalytique du langage infralinguistique de l’oralité ( ainsi que le jeûne, l’ascétisme, le végétarisme, le cannibalisme, les repas funéraires, etc. ) et de la crise, voire de la mutation du sacré qu’elles annoncent. Le message de Gandhi est suivi pas à pas, de l’ahimsā au jeûne, comme pratique politico-religieuse. La violence emprunte, derrière sa négation, les chemins de la fantasmatique orale pour se manifester ; il en est de même pour la mort derrière le pseudoépicurisme des sociétés d’abondance. L’idéalophagie que celles-ci développent est la messagère du retour vers une théocratie des déesses-mères.