L’auteur du Sentiment d’identité parle avec gratitude de ses années d’expérience.
Les variations cliniques sur le thème du temps rendent le lecteur sensible à un « Travail du temps » : silences, détails répétitifs, changement de rythme dans le récit prennent sens autant que l’histoire manifeste et les traumatismes vécus. De l’analyse des passages à l’acte ou de l’illusion de l’omnipotence surgit le sentiment de nostalgie et la saveur de l’instant.
Plus qu’une copie d’exemples cliniques et d’interprétations, l’atmosphère d’une séance est perceptible, le transfert et le contre-transfert, l’identification introjective et la distance prise. On est parfois saisi par la poésie de l’écoute et de l’échange analytique sans que la rigueur de l’interprétation soit pour autant absente.
Prenant part au mouvement des idées, l’auteur reprend la question du sentiment d’existence à propos du « Négatif » et de l’élaboration, de l’injonction paradoxale, le critère de vérité se trouvant dans une cohérence entre le récit et ses modalités temporelles.
Dans le texte La fin de l’analyse, Nicole Berry se fait affirmative : l’analyse est la reconstruction d’un fantasme, non d’une histoire réelle ; l’analyse peut se résumer en quelques mots signifiant le fantasme de désir qui dicte aussi le choix des défenses d’un patient.
L’auteur se réfère aussi bien à de grands textes littéraires — Hawthorne — à propos de la transmission inconsciente transgénérationnelle de la culpabilité qu’à des auteurs psychanalytiques. Elle reprend sa pensée sur les doubles psychiques, élaborée dans un livre précédent, Anges et fantômes.
L’originalité du livre est l’ouverture sur la vie : le cabinet de l’analyste n’est pas clos ; la méditation sur l’instant créateur, la définition d’un « état de naïveté » ont une fraîcheur qui rappelle la prudence annoncée dans Le sentiment d’identité vis-à-vis des concepts définis, des idées reçues qui risquent de paralyser la pensée ; préserver un inconnu est essentiel.