Utilisé par la plupart des sciences humaines, et de plus en plus présent
dans le langage courant, le transfert apparaît aujourd’hui comme un
concept à la mode et un peu passe-partout. L’évolution en un sens est heureuse mais ne va pas sans risques. Le concept y perd de son âme, de sa rigueur, ce qui a des conséquences particulièrement dommageables dans la pratique analytique où il est appelé à jouer le rôle décisif que l’on sait.
Cet ouvrage remet donc le transfert a l’épreuve de la clinique. Il s’appuie
sur l’expérience du symptôme et les recits de cas pour le redefinir, le préciser et surtout pour lui restituer sa densité première. Il montre en premier lieu que le transfert dans l’analyse intervient comme un chant à deux voix, qui restent toujours étrangères l’une à l’autre, partant de points opposés, constamment décalés. Il souligne aussi que ces deux voix s’appellent et se répondent sur trois registres différents, qui s’apparentent aux trois instances de la seconde topique freudienne, ce qui donne au phénomène une structure clivée assez spécifique, que la situation analytique classique est particulièrement apte à reactiver. L’ouvrage démontre enfin que l’essentiel du transfert n’est pas comme on le dit souvent dans la relation même, et qu’il faut plutôt le chercher dans les objets du transfert qui circulent entre l’un et l’autre, permettant remaniements et modifications. Chez l’un et l’autre bien sûr.