Quel est le sens de l’athéisme de Freud ? Opinion privée ou conviction que la psychanalyse ne peut pas plus échapper à une rationalité que la physique ? Ou encore l’athéisme revendiqué par Freud témoignerait d’une conquête singulière sur l’emprise de la religiosité et les illusions qu’elle suscite ?
Mais cette exigence athée a paradoxalement été soutenue par certains croyants, telle la philosophe Simone Weil, si soucieuse d’une « mécanique spirituelle » qui ne se construirait pas au détriment de la raison. La « marque de force d’esprit » que Pascal distinguait dans l’athéisme, de quoi est-elle faite et comment des écrivains comme Baudelaire ou Sade en livrent-ils le secret ?
Aujourd’hui peut-être, alors que la culture en ce siècle a été si souvent bafouée par les débordements de cruauté au nom d’une idole, le temps serait venu de discerner dans l’oeuvre de Freud les éléments qui permettent de rendre compte de l’inexorable religiosité du psychisme et de sa conséquence : ce « pas hors du rang des meurtriers » que chacun est requis de penser.