Alors que la fonction maternelle repose sur des soubassements biologiques précis et aisément repérables qui engagent mère et enfant dans un rapproché corporel si caractéristique de leur relation, le père, lui, noue avec l’enfant une relation plus distante dont la valeur est essentiellement symbolique.
Si la fonction maternelle est un fait de nature dont l’existence est directement attestée par le témoignage des sens, la fonction paternelle échappe, elle, à toute saisie sensorielle directe comme à toute approche perceptive. Echappant ainsi aux données de la nature, la fonction paternelle ouvre sur le champ de la culture. La fonction paternelle ne saurait se réduire au rôle social attribué au père par tel ou tel type de société, même si celui-ci peut contribuer à en changer certains aspects. Ainsi, certains changements récents dans la répartition des rôles parentaux vis à-vis du jeune enfant et du nourrisson ne paraissent pas venir modifier fondamentalement l’essence même de la fonction paternelle. La fonction paternelle est avant tout une donnée métapsychologique ou, comme il a pu être dit, « un préjugé nécessaire de la psychologie des profondeurs qui échappe à la certitude des données perceptives et dont la dimension mythique est capitale ». […]