L’œuvre de Lacan a irrigué toute la psychanalyse française, elle l’a bousculée, provoquant des dissensions théoriques et des conflits institutionnels qui ont, pour une part, dessiné son identité d’aujourd’hui.
Il reste que les deux courants, freudien et lacanien, restent très séparés et que les influences, rarement clairement affichés, passent souvent par des emprunts où la rigueur des concepts s’estompent : l’emploi souvent imprécis de la notion de signifiant en serait un exemple. Avec Guy Rosolato, nous avons affaire tout au contraire à une exigence de rigueur et à une fidélité affirmée à toute une partie de l’héritage lacanien à laquelle s’ajoute une intense créativité conceptuelle : il s’agit pour lui non de sacraliser les concepts, mais de les mettre au travail. Travail de passeur – passeur critique – qu’explorent différentes contributions d’auteurs venus d’horizons psychiatriques et universitaires différents. Une grande place est donnée, dans ce livre qui lui est principalement consacré, à ce qui nourrit d’emblée, pour ne jamais la quitter, l’œuvre de Guy Rosolato : la rencontre du surréalisme, toile de fond des trois premiers articles. Les trois articles suivants traitent des voies qui ont été plus tard ouvertes et mise en œuvre : l’inconnu, les cinq axes de la psychanalyse, le signifiant de démarcation.Deux documents permettent d’élargir cette réflexion : l’un reprend un entretien de Raymond Bellour avec Guy Rosolato, l’autre est un texte que ce dernier à écrit à propos de la dégradation des œuvres d’art, un travail qui prend une actualité particulière aujourd’hui.