Parler, c’est chercher le dernier mot. C’est courir après un horizon où tout serait dit, enfin, où serait atteinte une Totalité idéale qui nous échappe sans cesse. Il y a un charme de l’Un. C’est un charme ambigu. Il peut être vénéneux. Promettant d’apaiser « le trouble de penser et la peine de vivre » (Tocqueville), il est le moteur de cette servitude volontaire que dénonçait pour s’en étonner La Boétie. Il fait la force des totalitarismes. Mais c’est aussi dans cette communion dans l’identique que Montaigne voyait l’absolu de l’amitié avec ce même La Boétie.
Le langage est l’instrument essentiel des totalitarismes : la langue est en elle-même « fasciste », osait Barthes, car elle contraint à une découpe imposée du réel. Mais c’est aussi par le langage que la poésie met au monde ce qui n’était qu’en souffrance de se dire. La psychanalyse se tient et opère au coeur même de ce paradoxe.
Ce livre soutient une thèse : c’est une capacité trop méconnue, trop peu explorée de l’âme, goûtant en elle-même le mouvement des sensations, qui surmonte ce paradoxe et permet d’en éviter les écueils : la sensualité.
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Les multiples visages de l’Un
Le charme totalitaire
Auteur :
1167
Collectin Petite bibliothèque de psychanalyse, PUF.
Parution : 20 mars 2013
Avant-propos
- Le panoptique totalitaire
- Voir le vrai ?
- Ambiguïté de l’Un
- L’Un et le collectif : de Freud à Sartre
- Quel ennemi, et quel combat ?
- Aux sources d’un enchantement
- Totalitarisme et langage
- Splendeur et misère de l’infans
- Vers L’Origine du monde des signes
- L’interprétation, un acte transgressif
- Contre l’obéissance à la lettre, la Littérature
- Rebroussement – autoréférence – objet corporel
- Sensualité et interprétation en analyse
- Éloge de la sensualité
- Le Pour et le Contr’Un