À quelles conditions la psychanalyse ne sera-t-elle pas une Schwärmerei, pur produit d’une imagination débridée et illuminée ? Cette question, Freud ne cesse de la poser tout au long de son œuvre, que ce soit par la voix du doute intérieur ou par celle de ses contradicteurs fictifs. Car c’est bien de la valeur du doute que dépend la force de la conviction. Ce dont témoigne le retour constant de Freud sur les conditions de son activité de pensée : entre ce qui relève de la croyance et ce qui parvient à s’en dégager, l’audace paye son tribut à l’épreuve toujours inachevée des certitudes.
Conviction donc, bien plus que certitude : c’est là que la psychanalyse forge la relation spécifique qu’elle entretient avec l’instabilité de son objet et de son outil pratique, la méthode. Il appartenait aux successeurs de Freud de poursuivre le questionnement. Ainsi lire Freud fut-il pour Jean Laplanche une tâche qui comprenait intrinsèquement la relecture critique : tâche par excellence de l’héritage, dont témoigne également l’article de Daniel Widlöcher, « Croire en l’inconscient », un texte de 1993 que nous reprenons à titre de document.
Ce neuvième volume de l’Annuel de l’APF rassemble les conférences prononcées lors de deux journées de travail ouvertes au public : les Entretiens de l’Association psychanalytique de France qui se sont déroulés le 18 janvier 2014, avec pour thème « La conviction, en questions », et la journée d’hommage consacrée à Jean Laplanche, qui a eu lieu le 5 octobre 2013, avec pour trame « Le primat de l’autre ».