Quand la pensée ne supporte plus sa propre incertitude, quand elle se déprime et risque de s’affaisser sur elle-même faute de tenir des objets assurés, alors s’installe la croyance, comme un corset soutient un corps trop faible.
En cela elle s’oppose au savoir et à ses trébuchements, mais cette opposition n’est jamais clairement tranchée : le savoir peut être convoqué à l’édification de la croyance, qui ne manque jamais de docteurs.
La psychanalyse, exercice de doute, de « dé-croyance », n’échappe pas à l’ambiguïté. Le paradoxe est là : on ne peut croire en la psychanalyse sans arrêter le mouvement de pensée qu’elle est – penser l’incroyable –, sans la tuer.
Maintenir l’écart insoluble de ce paradoxe est la psychanalyse elle-même. Des psychanalystes tentent ici d’interroger leur Credo, et de parler, quand même, en psychanalystes.
Automne 1978
Nouvelle Revue de Psychanalyse, n° 18, Gallimard
Parution : 07-12-1978
SOMMAIRE
Argument
J.-B. Pontalis – Se fier à… sans croire en…
Guy Rosolato – La scission que porte l’incroyable
Jean Pouillon – Vous croyez ?
Clément Rosset – Assurance tous risques
Claude Imbert – Pour une structure de la croyance
Hubert Damisch – « Wie absichtlos »
Marthe Robert – Devant la loi
Claude Roy – Les séquestrés de la croyance
Jean Losserand – L’énigme de l’évidence
Harold Searles – Réalisme des perceptions dans un transfert délirant
Didier Anzieu – Machine à décroire : sur un trouble de la croyance dans les états limites
François Roustang – Suggestion au long cours
P.-F. De Queiroz-Siqueira – Entre croyance et acroyance
Michel Gribinski – Le guéri, le sacré et l’impur
Jean-Luc Donnet – Une croyance à l’œuvre
François Gantheret – Je t’aime, je crois, j’ai mal
Christopher Bollas – L’esprit de l’objet et l’épiphanie du sacré
André Green – Le credo du psychanalyste