Dans la politique comme dans la pensée modernes prédomine souvent – à l’insu de ceux qui pratiquent l’une et l’autre – la représentation d’un « monde de l’organisation totale » (Adorno) qui ne laisse aucune place au multiple, au divers, à l’événement, au cas.
En deçà – mais tout près – des conditions économiques et politiques qui produisent régulièrement la réémergence de la tentation totalitaire, ce numéro souhaite distinguer les motifs et le champ individuels du genre totalitaire – expression qui entend suggérer à la fois que le totalitarisme est une catégorie à part – un genre – et qu’il gît en chacun : le genre totalitaire a été celui de toute vie quand, dans la prime enfance, cette vie que nous avons aimée pourvoyait à nos besoins et tolérait que nous hallucinions nos désirs. Comment un idéal infantile devient-il une idéologie ? D’où vient qu’on a des certitudes ?
Problème : quelle instance de l’inconscient peut prétendre n’avoir pas le fameux genre ?