Accueil » Débats du samedi 2023-2024
DATES :
14 octobre 2023
20 janvier 2024
16 mars 2024
25 mai 2024
14 octobre 2023
20 janvier 2024
16 mars 2024
25 mai 2024
HORAIRE : De 13 heures 45 à 17 heures 30
Débats du samedi
Centre Jouffroy
70, rue Jouffroy d’Abbans – 75017 Paris
70, rue Jouffroy d’Abbans – 75017 Paris
Samedi 14 octobre 2023 : Mi-Kyung Yi, Arlette Robo
Samedi 20 janvier 2024 : Elaine Patty, Nicole Mesplé-Somps - Patronage laïque Jules Vallès 72 Av. Félix Faure, 75015 Paris
Samedi 16 mars 2024 : Patricia Attigui, Dominique Robredo Muga
Samedi 25 mai 2024 : Reprise générale
Samedi 20 janvier 2024 : Elaine Patty, Nicole Mesplé-Somps - Patronage laïque Jules Vallès 72 Av. Félix Faure, 75015 Paris
Samedi 16 mars 2024 : Patricia Attigui, Dominique Robredo Muga
Samedi 25 mai 2024 : Reprise générale
Transfert et résistance ou de l’espoir de Prométhée au désespoir de Sisyphe
Freud fut stupéfait lorsqu’il se rendit compte que les hystériques qu’il tentait de secourir semblaient tout faire pour empêcher la bonne réalisation du traitement. C’est avec le même étonnement que chaque analyste se confronte à cette demande paradoxale : guérissez-moi, mais ne me privez pas de ma névrose ! Freud a pu aller jusqu’à comparer la maladie hystérique à une œuvre d’art pour expliquer pourquoi les malades tenaient tant à conserver cette névrose qu’ils avaient édifiée avec tant d’acharnement et au prix de tant de sacrifices.
Face à l’obstination à vouloir rester malade, deux attitudes s’offrent au thérapeute : user d’une plus grande force pour faire céder le lien entre le malade et sa maladie, ou accepter sa défaite et renoncer à toute ambition de changement. Plus subtil, plus rusé, ou surtout plus conquérant, Freud, tel Prométhée, trouva une solution en retournant l’arme de l’hystérique contre elle-même.
En reconnaissant avec Dora cette forme particulière de résistance qu’il appela transfert, il commença un long trajet clinique et théorique l’amenant jusqu’à la mise au point d’un contournement de ce qui est toujours d’abord une résistance. En premier la faire advenir : « le transfert, sa provocation par l’analyste » a résumé de façon percutante Jean Laplanche. Ensuite la laisser se développer jusqu’à devenir en elle-même une maladie, concurrente de celle construite par le patient. Enfin la défaire par l’interprétation, dont les post-freudiens ont mesuré lentement la complexité. Interprétation de transfert, dans le transfert, du transfert : Jean-Luc Donnet, J.-B. Pontalis, entre autres, l’ont explorée en en montrant les multiples facettes.
Mais il n’y a pas que le malade, l’hystérique, le patient, l’analysant, de quelque manière qu’on le nomme, qui use de cette résistance opiniâtre qu’est le transfert, le psychanalyste n’est pas en reste. Sa résistance, nommée contre-transfert, fut en effet la désespérante découverte suivante : non seulement les patients luttent contre le traitement analytique, mais celui qui est supposé le conduire lutte aussi contre sa propre activité.
Là encore, les post-freudiens ont mesuré l’étendue de la complexité et l’énormité des forces à l’œuvre. Et de « faute professionnelle » selon Jacques Lacan, à « outil d’exploration de l’inconscient du patient » selon Paula Heimann ou Annie Reich, en passant par la chimère ou la co-pensée, la place du contre transfert est allée grandissant, parallèlement à l’extension au-delà des névroses de transfert des indications des traitements psychanalytiques.
Mais une certaine inflation de la littérature sur le contre-transfert a pu laisser croire que les psychanalystes s’intéresseraient prioritairement à leur propre fonctionnement psychique. Un tel échafaudage théorique pourrait-il être une forme de résistance face aux singularités du transfert dans les cliniques dites nouvelles ?
Résister, résister encore, résister toujours : l’être pulsionnel que nous sommes est-il condamné, tel Sisyphe, à s’user en luttant contre ces forces titanesques qui s’affrontent et qui l’animent ?
Face à l’obstination à vouloir rester malade, deux attitudes s’offrent au thérapeute : user d’une plus grande force pour faire céder le lien entre le malade et sa maladie, ou accepter sa défaite et renoncer à toute ambition de changement. Plus subtil, plus rusé, ou surtout plus conquérant, Freud, tel Prométhée, trouva une solution en retournant l’arme de l’hystérique contre elle-même.
En reconnaissant avec Dora cette forme particulière de résistance qu’il appela transfert, il commença un long trajet clinique et théorique l’amenant jusqu’à la mise au point d’un contournement de ce qui est toujours d’abord une résistance. En premier la faire advenir : « le transfert, sa provocation par l’analyste » a résumé de façon percutante Jean Laplanche. Ensuite la laisser se développer jusqu’à devenir en elle-même une maladie, concurrente de celle construite par le patient. Enfin la défaire par l’interprétation, dont les post-freudiens ont mesuré lentement la complexité. Interprétation de transfert, dans le transfert, du transfert : Jean-Luc Donnet, J.-B. Pontalis, entre autres, l’ont explorée en en montrant les multiples facettes.
Mais il n’y a pas que le malade, l’hystérique, le patient, l’analysant, de quelque manière qu’on le nomme, qui use de cette résistance opiniâtre qu’est le transfert, le psychanalyste n’est pas en reste. Sa résistance, nommée contre-transfert, fut en effet la désespérante découverte suivante : non seulement les patients luttent contre le traitement analytique, mais celui qui est supposé le conduire lutte aussi contre sa propre activité.
Là encore, les post-freudiens ont mesuré l’étendue de la complexité et l’énormité des forces à l’œuvre. Et de « faute professionnelle » selon Jacques Lacan, à « outil d’exploration de l’inconscient du patient » selon Paula Heimann ou Annie Reich, en passant par la chimère ou la co-pensée, la place du contre transfert est allée grandissant, parallèlement à l’extension au-delà des névroses de transfert des indications des traitements psychanalytiques.
Mais une certaine inflation de la littérature sur le contre-transfert a pu laisser croire que les psychanalystes s’intéresseraient prioritairement à leur propre fonctionnement psychique. Un tel échafaudage théorique pourrait-il être une forme de résistance face aux singularités du transfert dans les cliniques dites nouvelles ?
Résister, résister encore, résister toujours : l’être pulsionnel que nous sommes est-il condamné, tel Sisyphe, à s’user en luttant contre ces forces titanesques qui s’affrontent et qui l’animent ?