DATES :
Samedi 9 et dimanche 10 décembre 2023
Samedi 9 et dimanche 10 décembre 2023
Les entretiens de l’APF
Centre Jouffroy
70, rue Jouffroy d’Abbans – 75017 Paris
70, rue Jouffroy d’Abbans – 75017 Paris
Direction de la discussion par Cristina Lindenmeyer
Intervenants : Viviane Abel Prot, Arlette Lecoq (Société belge de psychanalyse) et Claire Squires
Intervenants : Viviane Abel Prot, Arlette Lecoq (Société belge de psychanalyse) et Claire Squires
L’enfant curieux et son désir
La curiosité de l’enfant pour le monde qui l’entoure se développe dès qu’il a entrevu qu’il existait un monde extérieur. Une découverte qui, avec celle de l’objet, se fait sur fond de déplaisir, de détresse, de haine même avance Freud. Le sein se fait attendre, il n’est pas une partie de moi, je le hais pour cela.
Plus tard, un stimulus scopique relance la curiosité de l’enfant : les parties génitales des êtres humains ne sont pas identiques. S’il avait déjà remarqué qu’il y avait des différences entre les garçons et les filles, il ne pouvait imaginer qu’il y avait aussi cette différence-là ! Qu’a-t-il pu arriver ? Pourquoi ont-elles perdu cela se demande le garçon ; qu’est-ce que c’est que cela ou pourquoi ne l’ai-je pas, se demande la fille. Ces « pourquoi » deviendront litanies : pourquoi le ciel est bleu ? Pourquoi le noir est foncé ? Pourquoi la dame a un gros ventre ? De lassitude l’adulte finit par opposer un « parce que c’est comme ça ! » qui ne fait qu’augmenter les interrogations de l’enfant curieux, poussé désormais à se faire théoricien. Il lui faut inventer lui- même des réponses à ses multiples questions.
Parfois cette curiosité risque de s’éteindre sous l’influence des souhaits inconscients des adultes gênés par cette liberté perverse polymorphe.
Pire est le déni de la nature sexuelle de la curiosité infantile lorsqu’on soutient l’absolue innocence de l’enfant, lorsque l’on ne peut admettre le désir de l’enfant soutenu par ses fantasmes sexuels infantiles. Pourtant les enfants en séance sont les témoins vivants de la force de leur désir et les adultes sur le divan, en retrouvant l’infantile, accèdent à une formidable relance du polymorphisme de leur curiosité infantile.
Le scandale provoqué par Freud à la fin du 19e siècle ne fut pas de reconnaître que les enfants avaient une forme de sexualité. Le rapport du médecin du jeune Louis XIII montre que le 17e siècle était déjà parfaitement au fait de la chose. Le scandale fut de montrer le caractère inconscient et incestueux de la fantasmatique qui soutient cette sexualité. Le scandale fut tout aussi grand d’avancer que toute la curiosité et la pensée, de l’enfant comme de l’adulte, avaient le même fondement. On dépassait la mesure acceptable en osant affirmer que les plus hautes réalisations de l’intellect, de la science, de l’art avaient leurs racines dans cette curiosité sexuelle.
Par un retour répétitif dont l’histoire n’est pas avare, nous assistons depuis quelque temps à de nouvelles manifestations de ces haut-le-corps de jadis, y compris au sein du mouvement psychanalytique. Tous les dissidents anciens : Adler, Jung avaient attaqué Freud sur ce point, et aujourd’hui une certaine lecture de Ferenczi ou de Winnicott tendrait à priver adultes et enfants de leurs désirs sexuels infantiles.
Plus tard, un stimulus scopique relance la curiosité de l’enfant : les parties génitales des êtres humains ne sont pas identiques. S’il avait déjà remarqué qu’il y avait des différences entre les garçons et les filles, il ne pouvait imaginer qu’il y avait aussi cette différence-là ! Qu’a-t-il pu arriver ? Pourquoi ont-elles perdu cela se demande le garçon ; qu’est-ce que c’est que cela ou pourquoi ne l’ai-je pas, se demande la fille. Ces « pourquoi » deviendront litanies : pourquoi le ciel est bleu ? Pourquoi le noir est foncé ? Pourquoi la dame a un gros ventre ? De lassitude l’adulte finit par opposer un « parce que c’est comme ça ! » qui ne fait qu’augmenter les interrogations de l’enfant curieux, poussé désormais à se faire théoricien. Il lui faut inventer lui- même des réponses à ses multiples questions.
Parfois cette curiosité risque de s’éteindre sous l’influence des souhaits inconscients des adultes gênés par cette liberté perverse polymorphe.
Pire est le déni de la nature sexuelle de la curiosité infantile lorsqu’on soutient l’absolue innocence de l’enfant, lorsque l’on ne peut admettre le désir de l’enfant soutenu par ses fantasmes sexuels infantiles. Pourtant les enfants en séance sont les témoins vivants de la force de leur désir et les adultes sur le divan, en retrouvant l’infantile, accèdent à une formidable relance du polymorphisme de leur curiosité infantile.
Le scandale provoqué par Freud à la fin du 19e siècle ne fut pas de reconnaître que les enfants avaient une forme de sexualité. Le rapport du médecin du jeune Louis XIII montre que le 17e siècle était déjà parfaitement au fait de la chose. Le scandale fut de montrer le caractère inconscient et incestueux de la fantasmatique qui soutient cette sexualité. Le scandale fut tout aussi grand d’avancer que toute la curiosité et la pensée, de l’enfant comme de l’adulte, avaient le même fondement. On dépassait la mesure acceptable en osant affirmer que les plus hautes réalisations de l’intellect, de la science, de l’art avaient leurs racines dans cette curiosité sexuelle.
Par un retour répétitif dont l’histoire n’est pas avare, nous assistons depuis quelque temps à de nouvelles manifestations de ces haut-le-corps de jadis, y compris au sein du mouvement psychanalytique. Tous les dissidents anciens : Adler, Jung avaient attaqué Freud sur ce point, et aujourd’hui une certaine lecture de Ferenczi ou de Winnicott tendrait à priver adultes et enfants de leurs désirs sexuels infantiles.