Étrangement, la pratique analytique, née du seul déploiement d’un dire libéré des convenances et des conventions, semble actuellement en proie à deux maux : l’abstraction allant jusqu’à la formalisation exsangue et le pathos indicible de l’éprouver. Retrouver ce que ces deux tendances fuient – la force et presque la magie du dire, celui du patient, de l’analyste, de la théorie – c’est refaire le pari de Freud : porter au jour de la parole le processus primaire, instaurer un cadre dont la règle fondamentale ne fait que dire qu’il n’y a pas de règles au dire, si ce n’est celles de la grammaire de l’inconscient, permettre au nouveau d’émerger du_seul usage et de la simple usure de la langue.
L’analyste n’est pas en tant que tel, un poète, ni l’analysant un créateur, même s’il leur arrive parfois de rejoindre la parole en ses commencements, là où elle fait, là où elle parle d’elle-même.
Printemps 1981
Nouvelle Revue de Psychanalyse, n° 23, Gallimard
Parution : 15-05-1981
SOMMAIRE
Argument
Jacques Roubaud – Dire la poésie
François Gantheret – Une parole qui parle d’elle-même
Michel Schneider – Dites-moi que je rêve
Joyce McDougall – Corps et métaphore
Masud Khan – Personne ne peut dire sa folie
Michel de M’Uzan – Dernières paroles
Michel Gribinski – L’avenir des mots
John Forrester – Du sublime au ridicule
Christian David – Si quelqu’un parle, il fait clair
Michel Deguy – Figurer le rythme, rythmer la figure
Liliane Abensour – Transe et transcription poétique
Herbert Read – Mythe, rêve et poésie
Annie Anzieu – Rencontres
Octave Mannoni – Le langage ésopique
Francis Pasche – Poésie et vérité dans la cure
Daniel Widlöcher – L’interprétation entre guillemets
Pierre Fédida – Ouvrir la parole
Jean Starobinski – Dire l’amour