« Certains naissent posthumes. »
Fr. Nietzsche.
On le verra une nouvelle fois, il ne s’agit pas de faire ici le tour d’une question, celle de l’autobiographie, ni à proprement parler d’en traiter directement. On ne trouvera pas dans ce numéro la nième version d’un abord exhaustif de ce thème, ni même d’une exploration de sa nature. Au point où nous en sommes de l’air du temps quant aux interrogations partagées, trop partagées, sur l’écriture, la façon dont elle s’engage, les lieux d’où elle procède, les directions qu’elle emprunte, il nous a paru moins strictement « actuel> ; de prendre en compte l’état des choses non pas dans la perspective d’une unité artificielle et falsifiée (« L’autobiographie »), mais plutôt dans celle de son éparpillement. Eparpillement selon les trois axes que nous avons d’emblée indiqués comme les nôtres pour cette revue — psychanalyse, littérature, philosophie —, éparpillement aussi des formes, des techniques, des rhétoriques dans lesquelles se matérialise l’implication autobiographique chez des auteurs très différents, dans des disciplines finalement très éloignées les unes des autres même si à leurs confins elles voisinent. Il s’agit donc pour nous de donner à lire quelques réalisations, hétérogènes, hétéroclites, des enjeux de l’enracinement autobiographique, dans des variétés très diverses d’écriture.
Ecriture : ce mot encore, que son emploi moderne, voire à la mode, n’en finit pas d’user, dont on voudrait tenter de se passer enfin, qui finit par susciter chez ses usagers mêmes la plus vive aversion. Néanmoins, une fois encore, pour « autobiographies », et tout particulièrement, nous n’avons pu en faire l’impasse, mais en guise de mise en question. […]