Psychologie des masses et analyse du moi est publié en 1921. Depuis plus de vingt ans, Freud poursuit obstinément son exploration du monde psychique, on pourrait donc penser qu’il n’a plus rien d’essentiel à découvrir. Et cependant l’idée qui surgit alors à sa plus grande surprise est que le moi, dont l’évidence s’impose au sens commun, un moi si majestueux dans son auto-affirmation, relève du rassemblement précaire d’instances aux origines multiples, qui entretiennent avec la conscience des rapports ambigus : le moi de la perception est proche de la réalité ; celui construit par les identifications aux objets œdipiens demeure inconscient ; le moi idéal est l’héritier de l’omnipotence infantile ; le surmoi commémore pour l’éternité l’autorité parentale… Entre ces instances, qui revendiquent toutes de parler à la première personne, l’harmonie règne rarement et ce sont bien plus souvent l’angoisse et la culpabilité qui menacent son devoir d’intégrité. Le détour par l’étude des foules révèle que le moi n’échappe ni à l’éparpillement ni à la psychologie des masses : il atteste ainsi de la bigarrure de la psyché humaine à laquelle la psychanalyse demeure tant attachée.
S. Freud, « Psychologie des masses et analyse du moi » (1921)
Revue Libres cahiers pour la psychanalyse, n° 24, In Press
Parution : Automne 2011
SOMMAIRE
Préambule
Henri Normand – Le transfert en héritage
Françoise Coblence – Foules, masses, processus de civilisation
Françoise Neau – Out of progress
Bruno Chenique – Géricault et la démence des foules
Beatriz Carneiro Dos Santos – Errance du moi
Géraud Manhes – Se fondre dans la foule, disparaître dans la masse
Jean-Michel Hirt – L’avenir de la dignité humaine
MichelVilland – La contagion psychique
Olivier Bonard – Identifications
Laurence Kahn – « Tout naturellement »