On vient à l’analyse pour guérir : d’une souffrance, d’une limitation intolérable à ses possibilités de vivre et d’aimer. Mais le désir même de guérir – qu’il soit celui du patient ou celui de l’analyste – ne saurait échapper au questionnement analytique. La cure est d’abord entreprise de parole, pour plus de vérité, et l’on a pu soutenir que la guérison vient « de surcroît ».
Mais l’abord de syndromes plus régressifs, de déficits plus archaïques ne permet pas toujours de s’en tenir à cette position : il arrive que, contre le « travail de la mort », l’analyse ne puisse s’abstraire d’une visée instauratrice ou même réparatrice. De plus et même en médecine « somatique », la guérison n’est plus conçue en termes de restitutio ad integrum mais comme l’établissement d’un nouvel équilibre. Le modèle d’un retour à l’état antérieur laisse d’avantage apparaître ce qu’il doit au fantasme.
Au-delà des adhésions aux seules visées thérapeutiques, ou des récusations abruptes, ce recueil cherche à interroger, à « faire travailler » cette idée incurable, l’idée de guérison.
Printemps 1978
Nouvelle Revue de Psychanalyse, n° 17, Gallimard
Parution : 03-05-1978
SOMMAIRE
Argument
J.-B. Pontalis – Une idée incurable
Georges Canguilhem – Une pédagogie de la guérison est-elle possible ?
Norbert Bensaïd – Autrement le même
Serge Bonfils – L’homme guéri et les avatars de la guérison
Roberte N. Hamayon – Soigner le mort pour guérir le vif
Daniel Widlöcher – L’hystérie dépossédée
Michel de M’Uzan – La bouche de l’inconscient
Herman Nunberg – Du désir de guérison
Masud Khan – Frustrer, reconnaître et faire défaut dans la situation analytique
Victor Smirnoff – … Et guérir de plaisir
Jean-Claude Arfouilloux – Guérir malgré Freud
Jean-Claude Lavie – Guérir de quoi ?
François Gantheret – « Per via di levare »
Hélène Chaigneau – Espace de guérison et temps d’une vie
Jean-Michel Labadie – Un double défi
Jean Starobinski – Le remède dans le mal