La passion, dénoncée par la sagesse des philosophes classiques, représentée à l’état pur par la tragédie, évoquée sous toutes ses formes par les grands romans, est absente du vocabulaire de la psychanalyse. Et pourtant…
N’entre-t-elle pas dans tout transfert, faisant de la cure une « folie à deux » aussi déraisonnable que celle qui unit l’amoureux à l’aimée, l’artiste à son oeuvre, le maître à son disciple ? N’est-elle pas dans les états limites cette souffrance qui n’est pas prise dans une structure ?
Et quelle est cette étrange ·passion du psychanalyste : être à l’abri de toute passion ?
L’ensemble des textes ici présentés confronte la charge de sens que le mot de passion a pu prendre dans les disciplines où il fut placé comme objet réel de réflexion (médecine, arts plastiques, littérature, philosophie, criminologie, mythologie) et cette sorte d’objet virtuel qu’est la passion pour le psychanalyste.
Printemps 1980
Nouvelle Revue de Psychanalyse, n° 21, Gallimard
Parution : 14-05-1980
SOMMAIRE
Argument
André Green – Passions et destins des passions
Octave Mannoni – Le passionné « ne veut rien savoir »
Jean Starobinski – Le passé de la passion
Jürgen Hengelbrock et Jakob Lanz – Examen historique du concept de passion
Charles Le Brun – Conférence sur l’expression des passions
Hubert Damisch – L’alphabet des masques
René Nelli – Tirésias ou Les métamorphoses de la passion
Michel Schneider – Persée, ou L’analyste au miroir
Roger Lewinter – Le genre aigu
Didier Anzieu – Une passion pour rire : l’esprit
Michel Deguy – La passion réduite au langage
Guy Rosolato – Clérambault et les délires passionnels, suivi d’une observation de Clérambault
Masud Khan – Meurtre, frénésie et folie
Paul-C. Racamier – De l’objet - non-objet
Laurence Apfelbaum – Passionnément pas du tout
Jean-Michel Labadie – Comme derrière un masque
François Gantheret – Les miroirs de la passion