L’usage de la catégorie d’archaïque est aussi fréquent que peu réfléchi dans la psychanalyse contemporaine.
On y parle d’angoisses et de défenses archaïques quand on est confronté à des processus psychiques si massifs, si indestructibles qu’ils semblent venir tout droit « des premiers âges ». Melanie Klein – dont l’œuvre fait ici l’objet d’une réévaluation – a révélé ce monde fantasmatique centré sur l’imago du corps maternel. Mais l’archaïque est-il le plus profond ? En voulant, remonter toujours plus avant dans le temps, moins préhistorique qu’anhistorique, ne sommes-nous pas victimes d’une illusion qui nous ferait tenir la parole archaïque pour la plus vraie ? Si illusion il y a, on verra, par des études sur l’art et la criminologie, qu’elle est largement, et parfois dangereusement, partagée.
L’archéologie qui fut un des grands intérêts de Freud ne vise pas à déifier l’archaïque mais à donner sens aux fragments du passé.
Automne 1982
Nouvelle Revue de Psychanalyse, n° 26, Gallimard
Parution : 08-12-1982
SOMMAIRE
Argument
François Gantheret – Présentation
Paul-Laurent Assoun – L’archaïque chez Freud : entre Logos et Anankè
Michel Gribinski – Personnages archaïques sur la scène
Lydia Flem – L’archéologie chez Freud
Guy Rosolato – Fragments
Jean Clair – Retour, Renaissance et Restauration
Jean-Michel Labadie – Le corps criminel, un aujourd’hui du passé
Gilbert Lascault – Notes sur les forêts, les grenouilles et quelques autres
Jean-Claude Lavie – Influx
Liliane Abensour – De l’autre côté du un
Nicole Berry – La maison passée présente
André Green – Après coup, l’archaïque
Jean Guillaumin – La blessure des origines
Avec Melanie Klein :
Didier Anzieu – Comment devient-on Melanie Klein ?
Jean-Michel Petot – L’archaïque et le profond dans la pensée de Melanie Klein
Franco Fornari – De l’originaire à la plaine de la vérité
Alain Gibeault – Symbolisme primitif et formation des symboles
Annie Anzieu – La dépression reconnue