… c’est peut-être ça que je sens, qu’il y a un dehors et un dedans et moi au milieu, c’est peut-être ça que je suis, la chose qui divise le monde en deux, d’une part le dehors, de l’autre le dedans, ça peut être mince comme une lame, je ne suis ni d’un côté ni de l’autre, je suis au milieu, je suis la cloison, j’ai deux faces et pas d’épaisseur, c’est peut-être ça que je sens, je me sens qui vibre, je suis le tympan, d’un côté c’est le crâne, de l’autre le monde, je ne suis ni de l’un ni de l’autre…
Samuel Beckett, L’innommable
L’opposition entre le dehors et le dedans, entre la réalité interne et la réalité extérieure, le cœur et les lèvres, apparaît comme une évidence sensible fondée sur le modèle du corps et de ses limites. Cette évidence, les psychanalystes ne la prennent-ils pas trop facilement à leur compte alors même que leur expérience ne cesse d’en questionner la pertinence ?