J’hésiterais même à faire tout à fait miennes les critiques, pourtant solidement argumentées, qu’on trouvera ici adressées à l’observation dite directe de l’enfant. Bien sûr, comme toute observation, elle n’a rien de direct ni de neutre, elle est sous-tendue par des hypothèses, ou des préjugés, elle est souvent à son insu si imprégnée de la théorie qu’elle est censée valider qu’elle ne confirme à l’arrivée que ce qui était donné dès le départ. Bien sûr encore, elle passe abusivement du comportement observé à l’affect, voire au processus intrapsychique sous-jacents que ce comportement exprime à nos yeux.
J.-B. Pontalis (1979), La chambre des enfants
L’oiseau. Les oiseaux. Il est probable que nous comprenons mieux les oiseaux depuis que nous fabriquons des aéroplanes.
F. Ponge (1976), La Rage de l’expression
Les quelques lignes de Pontalis, que nous avons mises en exergue, condensent les critiques que des psychanalystes ont énoncées à l’encontre de l’observation dans le champ psychanalytique, et plus particulièrement la référence à l’infant observation telle qu’elle s’est développée en Grande Bretagne avant de se répandre dans tout le monde occidental. Elles ne peuvent laisser indifférents tous ceux qui pensent que la psychanalyse est une discipline empirique qui porte, donc, sur une forme d’observation. A l’évidence, il y a là un point de bifurcation entre deux courants […]