Récusée par la raison, y compris la raison psychanalytique, tenue pour suspecte par les religions, la mystique est aussi un refus et un refuge par rapport au scientisme, aux réalités matérielles, aux objets jamais satisfaisants du désir. Savoir imaginaire, extatique et souvent totalitaire, elle évoque pour le psychanalyste la jouissance par excellence : celle de la fusion avec la mère ou celle de l’absence aux autres de l’autiste. Quels que soient ses dangers et ses abaissements, la mystique resurgit aujourd’hui, séduisant appel au coeur du siècle de la technique, savoir du non-savoir, plaisir de la déréliction, possession du vide. Elle attire jusqu’à la pensée scientifique, frôlée par le sentiment océanique, et la psychanalyse elle-même, que Freud, pourtant, avait résolument opposée à la « marée noire du mysticisme » – trop peut-être pour ne pas s’exposer aux effets de son retour.
Automne 1980

Nouvelle Revue de Psychanalyse, n° 22, Gallimard
Parution : 04-12-1980
SOMMAIRE
Argument
Guy Rosolato – Présente mystique
Paul-Laurent Assoun – Freud et la mystique
Marie Moscovici – Le monde réel
Christian Gaillard – Jung et la mystique
Roger Dadoun – Un vol d’Upanishads au-dessus de Sigmund Freud
Didier Anzieu – Du code et du corps mystiques et de leurs paradoxes
Sami-Ali – Langue arabe et langage mystique
Jacques Hassoun – L’impatience mystique
Jean Guyotat – Délire mystique et mystique du soin
Michel Ledoux – La relation d’absence
Jean-Claude Lavie – Servir
Témoignages :
Marie-Madeleine Davy – La nouvelle mystique
Claude Louis-Combet – Ad (te) clamamus… ad (te) suspiramus
François Roustang – Adieu la vérité
Guy Rosolato – Brève anthologie de textes mystiques