Tocqueville voyait dans l’instance tutélaire ce pouvoir intime qui nous ôterait « le trouble de penser et la peine de vivre ». Le psychanalyste familier des façons qu’a cette tyrannie – souvent désirée – de s’inscrire dans la vie psychique de chacun, sait, comme le disait Bion, que « penser fait mal ». Interroger analytiquement le processus de pensée, retracer certaines de ses modalités (pensée compulsionnelle ; pensée opératoire, pensée concrète dans les schizophrénies), décrire les troubles qui affectent l’activité de penser, tel est le premier versant de la réflexion ici engagée.
L’autre s’attache à cette pensée qui ne cesse de semer le trouble mais n’a su éviter à son tour d’être parfois le sédatif de la douleur de penser : la pensée analytique.
Peut-il exister une pensée sans maitre ? Peut-on penser hors de toute emprise, de toute empreinte et de tout emprunt ?
Printemps 1982
Nouvelle Revue de Psychanalyse, n° 25, Gallimard
Parution : 04-05-1982
SOMMAIRE
Argument
Michel Schneider – À quoi penses-tu ?
Vincent Descombes – La pensée est-elle chose mentale ?
Jean-Claude Lavie – Afflux
Christian David – Pulsation
Paul-Laurent Assoun – Trouble du penser et pensée du trouble selon Freud
Wladimir Granoff – Penser, c’est croire qu’on a le temps
René Laloue – La pensée malade de la peste
Bernard Lemaigre – Imre Hermann : pensée, cramponnement et préférence périphérique
Masud Khan – Du vide plein la tête
Jean-Luc Donnet – Le psychophobe
Didier Anzieu – Un cas de triple méprise
Jean-Michel Sterboul – Un rêve d’énigme
Sylvie Gribinski – Une pensée qui va et vient
Michel Gribinski – L’interdit de penser que portent les petits mots
André Green – La double limite
Wilfred R. Bion – Attaques contre les liens
Sami-Ali – Penser le somatique
Piera Aulagnier – Condamné à investir
Harold Searles – Différenciation entre pensée concrète et pensée métaphorique
Maurice Blanchot – Deux lettres